Action et réflexion, un équilibre instable
Addiction, hyperactivité, adrénaline s’oppose souvent à slow life, méditation, contemplation, paix intérieure. Est-il possible de faire les deux et de s’observer au plus près du moment, notamment dans l’action ?
Je suis parti en vacances avec 2 intentions :
Ralentir.
Laisser place à l’émergence.
Ralentir, dans mon esprit, signifiait : me poser, lire, méditer, reposer mon cerveau. Un minimum d’action et de réflexion. Principalement des actions plaisir. Uniquement des lectures ou réflexions hors « travail » ou « remise en question de moi ou de l’état du monde ».
Me tourner vers ce que l’on nomme farniente.
Laisser place à l’émergence signifiait être au contact du moment présent. Laisser venir les choses et m’engager dans un flot sans attente particulière. Être là et présent à l’expérience, en connexion directe avec le quotidien, tout ce qu’il y a de plus banal.
Ça n’est pas tout à fait ce qui s’est passé !
Ou plutôt, ce qui s’est passé n’est pas l’image que j’anticipais.
Il y a bien eu émergence. Et elle n’était pas si calme.
Ralentir, pour ce qui est de mon cerveau, a un peu pris l’eau (j’étais en Bretagne).
Chassez le naturel !
Je me suis laissé attirer.
J’ai commencé à regarder une vidéo sur la gestion atomique de la connaissance. Elle a déclenché en moi quelque chose qui a rapidement pris de l’ampleur.
Se Regarder Voir s’est transformé en « me voir faire ».
Il faut dire que les principes proposés dans ces vidéos répondent à ce que je cherche depuis très longtemps.
Enfin une façon pertinente pour moi de digérer et gérer tout ce que ma curiosité et mon appétence pour la connaissance me mènent à consommer comme contenu.
Comme pour l’agilité il y a 20 ans, la générativité dans les 8 dernières années, l’atomicité entre en forte résonance. Une sorte de porte qui s’ouvre sur un territoire nouveau et une nouvelle façon d’explorer le territoire connu.
Je voyais ma tête faire des liens et en demander plus encore. Je me demandais si c’est à ça que ressemble l’addiction.
Je voyais mon corps stimulé, ses pics d’énergie, ses creux. Je sentais les moments de surdose, de besoin de bouger ou d’arrêter.
Je me voyais devoir me forcer pour lâcher une nouvelle vidéo ou arrêter de déverser dans un fichier tout ce qui sortait de ma tête.
Je me voyais partir faire du sport, oublier tout ça, l’apprécier au plus haut point en contemplant mon environnement. Et dans l’instant suivant apprécier le retour de l’agitation cognitive.
En prenant du recul à certains moments, je constatais à quel point l’idéalisation fait partie de moi, à quel point elle me nourrit !
Une idéalisation tournée vers l’envie de contribuer vraiment, sincèrement.
La recherche de l’intégrité.
Et l’envie de jouer et d’en tester les limites.
Ce qui a émergé m’a conduit à suivre les connexions qui se créaient pour moi :
La naissance d’un nouveau projet.
Consommer vidéos et articles sur le marketing et les business digitaux.
Découvrir de nouvelles personnes et de nouvelles façons de faire.
Ajuster des priorités.
J’ai ressenti par moments ce combat en moi.
Cette envie de plonger avec naïveté dans une vie dépeinte comme simple, où le cheminement vers le « succès » est simplifié à en devenir simpliste et caricatural.
Ça se manifeste en moi par une forme d’agitation mentale et physique.
Au cours des dernières semaines, je me suis principalement orienté sur du « short & fast ».
Un peu comme dans un tunnel d’actions rapides, à court terme, parfois déconnectées les unes des autres.
En ce moment, je me vois :
Faire des choses au jour le jour sans m’interroger sur les impacts ou la cohérence avec le reste.
Exécuter beaucoup de petites tâches.
Remplir ma journée d’activités.
Dire oui à beaucoup de choses parce que ça rentre dans l’agenda maintenant, sans en anticiper les conséquences.
Il y a une certaine effervescence en moi, comme une forme d’impatience, mêlée d’un besoin d’accomplissements tangibles.
Pour certaines personnes, c’est leur quotidien, leur normalité.
Depuis longtemps je cherche une autre voie. Un chemin plus conscient et choisi.
L’image qui illustre cette espace de temps est celle de l’éruption volcanique.
Elle arrive sans prévenir, on ne sait pas combien de temps elle va durer. Elle transforme le paysage et à très long terme, elle apporte une fertilité[1] en redevenant calme pour une période.
Cette (sur) activité, dans de brefs moments de recul à générer des doutes.
Je me suis questionné :
Se Regarder Voir, activité de métacognition, est-elle compatible avec cette orientation ?
Quelles sont les conséquences de cette (sur) activité sur ma métacognition, ma santé ?
Quels sont les bénéfices ? Me permet-elle d’éviter certaines dérives et certains biais du court-termisme et du « tout action » ?
En me posant ces questions, je prends encore plus conscience que cette dimension métacognitive, qui me tient à cœur, est toujours présente finalement.
Ces questions sur l’impact de la manifestation de ma pensée et de mes actes en sont une preuve.
Elle est parfois plus « distante », comme étouffée ou submergée par des pensées-actions plus directes.
Elle n’est jamais très longue à se manifester à nouveau.
C’est un peu une forme de métacognition en « léger différé », comme le dirait un présentateur télé.
Ce qui ressort de tout ça ?
L’image que je me fais d’une séquence de temps a rarement à voir avec ce qui se passe vraiment.
« Être » est possible dans une période dominée par une activité forte « short & fast ».
Tout ce qui a émergé ou presque est une combinaison de multiples activités, concepts, expériences et apprentissages accumulés dans une dynamique « long & slow ».
Je reconnais et accepte que l’agitation frénétique a autant de valeur que le calme méditatif. Comme 2 faces d’une même médaille.
Je n’ai plus envie de ne chercher qu’un seul côté de la médaille. Je souhaite vivre les 2 en dynamique, à l’écoute de ce qui est présent et de mes besoins physiologiques.
Ces vacances qui m’ont permis de réaliser, une fois de plus, à quel point j’ai besoin à la fois d’action et de réflexion.
J’ai longtemps rationnellement compris que les 2 aspects sont mêlés et indissociables.
J’ai l’impression d’avoir vécu cet entremêlement et ça m’ouvre un horizon nouveau pour contribuer à la concrétisation de mon « why ».
Favoriser l’émancipation de chaque être humain en contribuant à l’évolution de notre qualité de conscience.
Et vous, comment jouez-vous avec cette polarité : action ET réflexion ? Comment nourrissez-vous chaque dimension avec l’autre ?
(J’ai hâte de lire vos partages en commentaire.)
Références
La fertilité des sols volcaniques
La fertilité des sols volcaniques