Le droit à l’erreur
La culture du droit à l’erreur est un thème présent dans beaucoup d’organisations. Pourtant peu parviennent à l’appliquer réellement. S’il est si difficile d’accorder le droit à l’erreur à l’autre, c’est parce qu’il est très diff
Et si, avant d’essayer de l’accorder aux autres, je me l’accordais à moi-même, VRAIMENT ?
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Après mon dernier test, j’ai apporté une légère retouche et ajouté des guillemets dans le texte. J’ai lancé mon correcteur et cliqué sur « tout corriger » pour une alerte les concernant, habituellement à propos du type d’espaces.
EH BIM ! Il remplace sur la première ligne, la ligne d’accueil, " " par « » autour la seule et unique balise !
Pour commencer, je veux présenter mes excuses à l’ensemble des abonnés. Je vous promets de porter plus attention à ces éléments… et que d’autres erreurs se produiront ! Je sais que je suis faillible.
Ce qui me semble intéressant c’est d’observer ma réaction au moment même où, newsletter envoyée à 89 personnes, je me rends compte de mon erreur ! Puis ce que provoque en moi les premiers messages concernant le problème.
Débutons avec quelques considérations générales sur le droit à l’erreur pour poser le contexte.
Erreur ou faute
Je ne vais pas rentrer dans la distinction ici. Je vous invite à la lecture de l’article de David Fiorucci : « Droit à l’erreur : oui, mais pas à la faute ! » ; qui distingue très clairement les deux.
Si je devais résumer en utilisant ses mots :
Faire erreur, c’est se tromper, mais sans intention et sans négligence.
[…] Pour la faute, suivant son étymologie, nous percevons l’action de manquer, faillir ou tromper et peut aboutir à l’idée d’une erreur volontaire dont les conséquences peuvent être néfastes.
La culture du droit à l’erreur
Depuis des années, je constate une demande insistante auprès des managers à donner le droit à l’erreur. Beaucoup des formes managériales dites « modernes » s’appuient sur ce concept connu pour favoriser l’émergence de plus de responsabilisation et d’autonomie.
La culture du droit à l’erreur est un thème présent dans beaucoup d’organisations. Pourtant, force est de constater que peu parviennent à l’appliquer réellement.
Pour beaucoup des managers de ces organisations, cette volonté d’évoluer vers une culture d’entreprise apprenante et responsabilisante est très bien reçue. Un grand nombre y aspire sincèrement.
Presque tous se trouvent cependant emprisonnés dans ce qu’ils vivent comme un paradoxe :
Devoir délivrer de plus en plus vite avec un niveau d’exigence et de qualité croissantes.
Laisser le droit à l’erreur et le temps de la correction et de l’apprentissage qui lui sont attachés.
À ce paradoxe, je pourrais ajouter d’autres attentes fortes telles que : les dates irréalistes, les évaluations de performance inadaptées, le travail en silo, le manque de communication, le manque de moyens adaptés, le manque d’imputabilité, le très faible niveau de confiance, les respects de règles strictes et les audits associés, etc.
Tous ces éléments viennent affecter directement notre relation à l’erreur, faisant dans les faits, purement et simplement disparaître le droit à l’erreur.
Même lorsque des formations sont offertes, les résultats ne se voient pas sur le terrain.
La recherche du coupable reste le sport favori dans beaucoup d’endroits.
Le droit à l’erreur pour les autres
Le discours dominant autour de la culture du droit à l’erreur, dans la société, les entreprises, les associations est tourné vers l’extérieur, vers l’autre.
Je dois accorder ce droit à l’erreur à l’autre.
Nous nous retrouvons alors avec une chaîne d’application : le conseil d’administration doit accorder le droit à l’erreur au directeur qui doit l’accorder aux managers qui doivent eux-mêmes l’offrir aux membres de l’équipe. Cela s’applique aussi entre pairs à tous les niveaux.
Les formations nous expliquent comment procéder étape par étape, sans tenir compte des implications humaines et systémiques que l’on peut déceler dans la phrase précédente.
Si un maillon est défaillant, c’est l’ensemble qui est fragilisé et qui peut s’écrouler rapidement.
Si un événement prend des proportions inhabituelles ou qu’il touche un sujet particulier, sensible pour l’un des acteurs, tout se dérègle.
La culture du coupable ressurgit et détruit en quelques instants des mois de confiance progressivement acquise.
Derrière ces fragilités, se cache le « Second job », concept dont nous parlent Robert Kegan, Lisa Lahey, Andy Fleming dans leur article de Havard Business Review intitulé « Making business personal ».
To an extent that we ourselves are only beginning to appreciate, most people at work, even in high-performing organizations, divert considerable energy every day to a second job that no one has hired them to do: preserving their reputations, putting their best selves forward, and hiding their inadequacies from others and themselves. We believe this is the single biggest cause of wasted resources in nearly every company today.
S’il est si difficile d’accorder le droit à l’erreur aux autres, c’est d’abord parce qu’il est très difficile de se l’accorder à soi-même !
Me recevoir dans l’erreur
Pratique
Au cours des prochains jours ou des semaines à venir, je vous invite à la pratique suivante :
Attrapez la première idée ou parole qui sort lorsque vous faites une erreur, quelles que soient la taille, l’importance ou les conséquences de celle-ci. Le premier jugement, automatique et parfois acerbe, de la petite voix dans votre tête.
Scannez votre corps dans le but de discerner les sensations (tensions, chaud-froid, picotements, etc.) qui s’y expriment et leurs lieux d’apparitions.
Portez votre attention sur le cocktail d’émotions présent dans l’instant.
Respirez profondément… Encore ! Si si, encore !
Notez ce qui se passe à la suite de l’erreur. De quelles manières, vos pensées, vos émotions, vos sensations sont-elles différentes du moment d’avant ?
Notez ce qui se passe à la suite de cette pratique. De quelles manières, vos pensées, vos émotions, vos sensations sont-elles différentes du moment entre l’erreur et la pratique ?
En fin de journée, prenez le temps d’un bilan et prenez conscience de vos apprentissages. Regardez, en fin de semaine, l’ensemble de vos bilans quotidiens.
M’accorder le droit à l’erreur
Pour en revenir à mon expérience, lorsque j’ai découvert mon erreur quelques secondes à peine après avoir publié, j’ai été très rude, voire violent, avec moi-même pendant un bref instant.
Se mélangeaient des sensations, des émotions, des pensées qui formaient un tout très confus. Colère, déception, urgence de réparer, respiration courte, recherche de solutions, insultes, tristesse…
« Respire Tremeur ! Il n’y a rien de grave ». « Respire encore ! Si si, encore ! »
J’ai réalisé la déception qui m’a envahi sur le moment.
Je passe plusieurs heures par semaine pour produire des articles qui me tiennent à cœur et là, j’avais échoué sur un détail pourtant vérifié plusieurs fois auparavant.
Contrairement au passé, j’ai pu rapidement sortir de cet état.
J’ai pris le temps de reconnaître et vivre vraiment, tête-cœur-corps, le fait que j’ai été touché, blessé, déçu, qu’une partie de moi se sentait honteuse, exposée.
Je me suis remercié et je suis passé à la suite…
Écrire dans mes notes le titre de cet article et quelques mots qui émergeaient pour le contenu.
Les quelques messages que j’ai reçus ensuite ont chacun eu comme effet de réactiver l’instant. Et, je m’observais dans ce processus de rapprochement - éloignement, m’apaiser progressivement.
Pour résumer
Il est important de distinguer erreur et faute.
La culture du droit à l’erreur n’existe pas dès l’instant où nous la décrétons, elle émerge, se construit.
Comme le masque dans l’avion, appliquez-vous le droit à l’erreur à vous-mêmes avant tout.
Avec de l’entraînement, l’impact de l’erreur reste présent, mais dure moins longtemps.
🔈 Quelle est votre relation personnelle au droit à l’erreur ?
Que vivez-vous, en lien avec ce thème, dans les environnements que vous fréquentez le plus ?
J’attends vos partages en commentaire.
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