Activiste de la qualité de conscience
Chercher chaque jour à prendre au sérieux la qualité de ma conscience. Être à chaque instant curieux et minutieux à interroger et réorganiser ma conception du monde. Quelle attention portez-vous à cette activité qui influence toutes les autres ?
Vous arrive-t-il, vous aussi, de porter des jugements négatifs sur le contenu des conversations, des actions ou des occupations des personnes autour de vous ?
Tout ça, sans remettre en question vos propres conversations, actions et occupations, tout en étant, bien entendu, viscéralement convaincus que les vôtres sont d’une pertinence tellement supérieure.
Comment se fait-il que les autres n’aient, à ce point, rien compris ?
Moi je le fais ! Tous les jours !
Et pourtant j’observe que chacun de mes jugements :
Me déconnecte d’une pleine participation avec ce qui est.
Crée une séparation, une distance avec les personnes impliquées ou jugées.
Je peux bien avoir une activité que je déclare intelligente et générative pour l’humanité. Si je suis incapable d’entrer en relation avec la moitié de mes semblables, à quoi bon ?
Essayez de vous surprendre en train de vous plaindre,
[…
]. Lorsque vous vous plaignez, vous adoptez une attitude de victime. Lorsque vous vous exprimez, vous reprenez votre pouvoir. Alors, changez la situation en passant à l’action ou en vous exprimant, si c’est nécessaire ou possible. Ou encore éliminez la situation de votre vie ou acceptez-la. Tout le reste n’est que folie.
Eckart Tolle — Le pouvoir du moment présent p.135
Comment puis-je à la fois :
vivre au plus près de ce qui m’apparaît pertinent,
inclure l’ensemble des êtres humains avec ce qui leur apparaît à elles et eux pertinent,
contribuer, à ma façon, à un futur sur la planète qui est le plus génératif possible ?
Cela reviendrait, tel que je le vois à vivre pleinement en intégrité et en symbiose.
Facile à dire !
Écrire à ce propos est difficile pour moi, car je me sens à la fois proche et tellement loin d’une vie intègre et symbiotique.
Par exemple, les 2 questions ci-dessous sont chargées de sous-entendus qui prennent leurs sources dans des jugements sévères et remontent jusqu’à la surface, filtrés, mais toujours là, déguisés.
Passer 2 heures à regarder Koh-Lanta ou TPMP, ou bien consacrer ces 2 heures à écouter une intervention de Noam Chomsky qui décortique les dynamiques systémiques socio -politico-économique a-t-il la même valeur ou le même impact sur notre futur ?
À quand remonte la dernière fois que tu as consacré autant de temps à te protéger de tout faux pas qu’à reconsidérer les aspects profonds de ta conception du monde qui te conduit à dépenser cette énergie de protection ?
Comment puis-je être en intégrité, incarner une intention générative sincère et profonde pour l’humanité, si à la seconde suivante je dénigre insidieusement le comportement de mes semblables ?
Cette dernière question peut vite me conduire au relativisme qui amène à tout accepter. Sous prétexte de la subjectivité des valeurs, en imposer une hiérarchie devient abusif et injustifiable.
Dynamique qui conduit elle-même aux pires abus et aberrations et d’une certaine façon à la violence.
Le danger du relativisme c’est ce que j’en fais. S’il me condamne au silence, je me sabote et me génère des tensions parce que je n’exprime pas le fond de ce que je vis.
Dès le moment où il y a un décalage entre ce que l’on ressent et ce que l’on exprime, une tension se crée. Les émotions, une vraie ressource pour l’entreprise !
Et ce que je vis, comme beaucoup d’autres autour de moi, c’est :
de la peur pour mon futur, celui de mes proches et des êtres humains qui m’entourent,
de l’impuissance face à des défis pour lesquels je ne sais quoi faire et me sens inapproprié,
de la rage face à des personnes qui continuent sciemment à utiliser leur pouvoir et leur puissance pour asservir et se servir,
de l’incompréhension au contact de personnes qui ne semblent pas prendre la mesure de l’impact de leurs actes.
du découragement au regard de la souffrance dont je suis témoin dans les organisations, de la « dictature de l’action et de la recette toute prête » qui souvent contribue à générer cette souffrance,
de la désillusion en constatant le profond désintérêt pour les fondamentaux humains et le gigantesque gaspillage d’énergie humaine au profit de la protection et du pouvoir.
Qu’est-ce que je fais, direz-vous ?
J’essaie de développer une qualité de conscience plus fine et aiguisée. J’accumule des petits gestes et de grandes incohérences.
Qu’est-ce que je ne fais pas ?
Des milliers d’actions comme l’engagement concret dans des mouvements d’action qui agissent collectivement. Des choix radicaux qui me semblent aujourd’hui fondamentaux, mais pour lesquels je ne suis pas encore prêt à assumer les conséquences sur moi et ma famille.
À quoi est-ce que je m’engage ?
Un jour, je me suis dit que j’étais un activiste de la qualité de conscience.
Même si pour être honnête, je ne sais pas définir précisément les contours de ce qu’est la qualité de conscience et que j’ai une application de l’activisme très édulcorée !
La qualité de conscience
Un objet n’a pas besoin d’être gros, grand, technologique, sophistiqué pour être de qualité. Aussi simple ou élémentaire qu’il soit, il a « seulement » besoin qu’on lui porte toute notre attention, qu’on prenne consciencieusement le temps d’ajuster ses différents aspects pour que toutes les dimensions de sa qualité nous rendent fiers et soient en harmonie avec l’humanité et la planète.
La conscience de chacune et chacun de nous au moment présent est la bonne. Pouvons-nous simplement y porter l’attention et le soin qu’elle mérite pour qu’elle continue à être façonnée et à évoluer avec la plus grande qualité ?
J’ai choisi, pour contribuer à cela, d’utiliser ce qui résonne pour moi, qui est la réflexion ou plutôt, la réflexivité.
Réflexivité : philosophie — Capacité de la réflexion à se prendre elle-même comme objet d’étude et de critique. Antidote
Je me dis qu’en développant notre qualité de conscience par un examen de notre pensée et de nos actions, nous allons individuellement et collectivement augmenter la qualité de notre pensée, prendre de meilleures décisions, agir collectivement plus intelligemment.
Comme les intérêts bancaires composés, 1 % d’augmentation quotidienne de ma qualité de conscience finit par donner une courbe exponentielle.
Se Regarder Voir et se voir regarder, c’est chercher chaque jour à prendre au sérieux la qualité de ma conscience, en étant curieux et minutieux à élargir et réorganiser ma conception du monde. C’est chaque jour interroger et adapter ma cohérence, « Être en cohérence ! »
Pour résumer
Nous pouvons œuvrer à développer quotidiennement notre qualité de conscience.
C’est la qualité de notre réflexion qui influence nos actions et cela aussi peut s’améliorer.
Nos valeurs, pensées et actions actuelles sont les causes futures d’un monde florissant (ou décadent).
Puisque penser est l’action qui nous occupe le plus, quelle attention portez-vous à cette activité qui influence toutes les autres ?