Productif les yeux fermés - la micro-sieste
Efficacité, productivité, bonne santé. La micro-sieste, énergisante est connue pour ses bienfaits mais culturellement mal-vue. Ralentir et recharger les batteries permet de concilier bien-être et performance.
La question posée cette semaine par mon ancien collègue et ami Thomas dans un post LinkedIn a enclenché ces réflexions et auto-observations.
Il nous présentait quelques techniques d’efficacité personnelle et nous interrogeait sur nos idées ou astuces pour l’améliorer. En premier lieu, j’ai répondu : « ne rien faire ».
La question, et ma réponse sont restées présentes à mon esprit.
J’avais déjà abordé un thème un peu similaire dans «Activement patient », il y a quelques mois.
Cette fois, j’observe ce qui se concrétise au moment même ou j’écris ces lignes, profitant d’un temps de week-end entre amis, juste après une micro-sieste ou « power nap ».
Faire une micro-sieste, c’est loin de : « ne rien faire » ; c’est une forme de récupération active. C’est être productif les yeux fermés.
La sieste éclaire fait partie des pratiques que j’utilise depuis presque 20 ans. D’abord épisodiquement, seulement en cas de besoin, elle est, depuis plusieurs années, intégrée à ma routine « santé », comme la méditation, le journaling, le sport, etc.
Souvent cachée à l’époque, encore parfois moquée, la sieste est toujours profitable pour moi.
Les bénéfices de la micro-sieste
Je pratique habituellement des siestes éclaires de 10 à 20 minutes, très rarement jusqu’à 30 minutes, souvent juste après le repas de midi, qui m’apportent beaucoup :
Lutter contre la somnolence en milieu de journée. Ça me permet d’éviter le fameux « coup de barre » juste après le repas. Quelques fois, après une mauvaise nuit, une sieste tôt dans la matinée permet de rester dans une bonne dynamique et un ressenti physique et mental beaucoup plus agréable.
Amélioration de l’humeur. Pour moi, la fatigue ou l’impression de me « traîner » provoque un sentiment d’irritabilité et de stress (en cas d’échéances). Après quelques minutes de « sommeil », je me sens revitalisé, plus serein et moins réactif.
Amélioration des performances cognitives. Un des signes (que je ne respecte pas toujours) qui m’alerte, c’est le manque de clarté qui se manifeste, par exemple, par de la difficulté à structurer mon texte ou à trouver mes mots lorsque je parle. Après une micro-sieste, je me sens plus lucide et efficace.
En cherchant rapidement sur Internet, on trouve de nombreux autres bénéfices :
Amélioration de l’apprentissage et de la rétention d’informations.
Réduction du risque d’erreurs et d’accidents.
Augmentation de la productivité. (Je le vois, mais ça n’est pas ce que je recherche.)
Réduction du stress.
Boost d’énergie. (Je le ressens aussi.)
Amélioration de la créativité. (C’est plus difficile pour moi de clairement l’identifier.)
À de rares occasions, j’ai souvenir de quelques inconvénients :
Inertie du sommeil. Il m’est arrivé de prolonger au-delà de 30 min ou de m’endormir profondément et de me réveiller un peu « dans le gaz ». L’inertie du sommeil fait référence à cette sensation de somnolence et de désorientation quand on se réveille d’une sieste. Ces fois-là, l’impression de repos et d’éveil cognitif avait disparu.
Perturbation du sommeil. Il m’est arrivé d’avoir du mal à m’endormir après une sieste trop tardive dans l’après-midi. Je porte plus attention à ça. Et j’utilise parfois cette conséquence, à propos, en amont d’une soirée que j’anticipe tardive.
Mes recherches m’ont permis de découvrir d’autres inconvénients que je ne vis pas directement :
Dépendance (impression de devoir faire une sieste pour fonctionner correctement).
Problèmes de sommeil nocturne (perturbation du cycle naturel veille-sommeil du corps).
Productivité et performances (baisse de productivité et de performance si la sieste est faite à un moment inapproprié ou si elle n’est pas calée sur le rythme circadien naturel).
Pour être productif les yeux fermés en utilisant la micro-sieste, il m’est vital de porter attention à mes perceptions et m’écouter.
Globalement, mon expérience personnelle s’aligne avec ce qui est communiqué par les études. De plus, il apparaît que les micro-siestes, énergisantes, procurent de nombreux bienfaits pour la santé à long terme, comme aider à réguler la tension artérielle, réduire le risque de maladies cardiovasculaires et améliorer la fonction immunitaire.
Ces entreprises qui préfèrent la sous-performance
Je me remémore encore des premières fois où je me cachais dans une petite salle de réunion, calé dans une chaise pendant 15 min.
Aujourd’hui, je vois de plus en plus d’espaces calmes, « zen », chez les différents clients que je fréquente.
Cependant, bien peu sont occupés, et lorsque je pose la question, il semble que ça soit encore mal vu d’y somnoler quelques minutes chaque jour.
Qu’est-ce qui fait que nous sommes généralement réticents ? Est-ce culturel ?
Dans un mode tourné vers la performance, la productivité, l’efficacité, l’efficience, le zéro risque… quels facteurs sociaux influencent si fortement notre résistance à adopter une pratique qui a pourtant prouvé son efficacité ?
Je suis très conscient que mon périmètre d’observation est très restreint, je m’observe vouloir tirer des conclusions et juger.
La sieste est associée à la fainéantise et, en entreprise, le moindre élément qui pointe à cela est vite jugé, souvent moqué et parfois surveillé, voire reproché. Comme beaucoup d’autres choses, je crois qu’en ne portant pas assez d’attention à bien discerner les choses, à s’attarder aux nuances, nous passons à côté d’une contribution positive importante.
Imaginez qu’à chaque fois que :
De fortes tensions apparaissent,
La pression augmente,
Vous devez prendre des décisions ayant des conséquences significatives sur la vie des employés ;
Les personnes concernées prennent un long temps de réflexion, de méditation ou font une sieste.
À quoi ressembleraient alors nos environnements de travail ?
Je crois qu’en étant productifs les yeux fermés avec une micro-sieste, nous obtiendrions des endroits démontrant une conscience de soi et des autres amplifiée, une réduction du stress et de l’agressivité et une efficacité saine et accrue.
Se Regarder Voir en conscience modifiée
Pour moi, la micro-sieste n’est pas un moment au cours duquel j’ai l’impression de dormir, mais plutôt de rentrer dans un espace de conscience modifié, présent à ce qui se passe autour de moi, une relaxation profonde, un esprit divagant sans attachement.
J’ai mis du temps à reconnaître la nécessité de prendre soin de mon corps et les bénéfices de cette pause.
Mais surtout, j’ai mis du temps à assumer l’image de la personne qui dort au bureau.
Certes, le télétravail aide beaucoup, mais je suis heureux d’être maintenant capable d’assumer faire une micro-sieste, même dans certains contextes clients.
Je remarque qu’alors que j’organise ma journée autour de certaines priorités, le fait de systématiser une sieste n’y est pas pleinement intégré.
Se Regarder Voir aide à conscientiser le rapport que j’entretiens avec certaines pratiques dans différents contextes. Cela m’invite aussi à une forme d’indulgence envers moi-même et envers les personnes qui composent quotidiennement mon entourage.
Ma réflexion a commencé en réponse à une question sur l’amélioration de sa productivité personnelle.
Après la sieste du jour, la question qui a émergé est : améliorer sa productivité, pourquoi pas, mais au service de quoi et de qui ?
Pour résumer
La sieste éclaire, énergisante, la « power nap » est très souvent documentée comme étant bénéfique pour la productivité, la créativité, l’apprentissage et plus globalement la santé.
La micro-sieste, au moins dans mon entourage, est encore peu considérée, vue comme une perte de temps ou un « truc de fainéants ».
Conscientiser ses bienfaits, développer la confiance en soi pour oser prend du temps et c’est grandement influencé par l’environnement personnel et professionnel.
Quels regards portez-vous sur la microsieste et sa perception dans votre entourage ?